Extrait d’un article paru dans le mensuel spirituel Feu et lumière:

 
Marie-Anne Giannatos

Par la harpe et la cithare

par Pascale Harfouche-Chédid

Musicienne, Marie-Anne Giannatos est née d'un père grec orthodoxe et d'une mère québécoise catholique. Baptisée catholique, croyante pendant son enfance, son adolescence est plutôt une quête de vérité : savoir si les chrétiens « détiennent seuls la vérité ». Une soif de dépouillement monte en elle durant des voyages en Asie bouddhiste, Turquie musulmane ou Italie catholique. Après avoir touché le fond, elle cria vers Dieu et fut inondée de la joie de la présence de Jésus vivant dans sa vie !

 

FL : Tu es musicienne. auteur-compositeur-interprète ; tu as composé un album pas tout à fait religieux. mais où on retrouve un chant à Jésus et un autre à Marie. Pourquoi?

Ma grand-mère m'a appris à jouer du piano. Plus tard, quand ça allait mal pour moi, je composais des chansons et ça avait un impact thérapeutique sur ma vie. Mes chants ont évolué avec moi, c’est pourquoi j’ai mis tout mon parcours dans cet album : quand j’étais triste et mélancolique, ainsi que les moments où j’étais heureuse. Puis lorsque j’ai vécu une expérience intense avec le Seigneur, je l’ai chantée. C’est pourquoi j’ai appelé mon album Carnet de voyage, car ça ressemble plutôt à un journal personnel qui relate plusieurs étapes de ma vie.

FL : Tu as fait une expérience au couvent des Carmélites il y a quelques mois. Pourquoi?

J'entendais souvent parler des carmélites; leur mode de vie me fascinait. Le livre de la petite Thérèse a eu un grand impact sur moi, mais je n’étais pas attirée par leur vie. J'étais plutôt entraînée par les voyages, la musique, etc. N’empêche que l’idée de l’absolu, de « Dieu seul suffit » est devenue très forte ; mon amour du Carmel a grandi, puis le désir d’y vivre une expérience de silence, de me dépouiller de tout pendant une période et de vivre juste pour et avec Jésus a germé. Je l’ai fait durant trois mois. J’ai eu très peur, une fois que j’ai été à l’intérieur du couvent, mais le Seigneur m’a dépouillée doucement de beaucoup de choses superflues.

FL : Depuis que tu es sortie, en quoi vis-tu différemment dans le monde en tant que laïque?

J’ai trouvé le Carmel très exigeant, mais en laissant le temps au Seigneur de me travailler, et après deux mois de silence, j’ai compris que j’étais appelée à être chrétienne dans le monde ;  un prêtre m’a beaucoup aidée dans mon discernement. Je sens quand même toujours mon penchant « carmélitain », ce désir de dépouillement, d’avoir moins, de vivre plus de Dieu en moi que de ce qui est matériel. Et je pense qu’en le faisant, j’en témoigne. J’ai trouvé une autre façon de vivre l’amour, avec les petites choses, dans de petits renoncements, comme la petite Thérèse, et j’ai découvert une capacité plus grande d’aller au fond de moi-même.

FL : Quel serait ton plus grand désir actuellement, en tant que personne, artiste et chrétienne?

Le désir d’avoir les mains vides, le cœur vide de tout ce qui empêche d’accueillir la présence de Dieu. Que je reçoive compliment ou critique, j’essaye d’accueillir le tout dans la même pauvreté.